Et si votre enfant avait la peau atopique ?
L’eczéma est utilisé comme un terme général pour décrire de nombreux types d’inflammation de la peau. La dermatite atopique ou eczéma constitutionnel est une maladie de peau :
- Chronique : ça veut dire que c’est une maladie à évolution lente et dont on ne tend pas à guérir complètement
- Prurigineuse : ou qui donne envie de se gratter fortement
- Inflammatoire : qui entraîne une réaction de défense de l’organisme
Elle évolue par poussées et touche le plus souvent les enfants dès 3 mois.
Dès ce jeune âge, les nourrissons peuvent ressentir des démangeaisons. Ils s’agitent, ne dorment pas bien, essaient de se tourner dans tous les sens et pleurent. Les parents ne pensent pas toujours à consulter dans ces cas-là, attribuant des origines diverses aux troubles du sommeil de leur bébé (poussée dentaire, allergies alimentaires..)
Or cela peut gâcher une vie de famille et le précieux sommeil de tous.
D’où l’importance de prêter attention à ses symptômes et les traiter dès que possible.
Comment reconnaitre une peau atopique ?
La dermatite atopique débute presque toujours chez le nourrisson ou l’enfant en bas âge. Elle commence parfois dès les premières semaines de la vie et avec une prédominance sur le visage – les joues et le menton.
En premier lieu, la peau va être rugueuse ou très sèche. Et on va voir apparaître des plaques rouges, qui causent des démangeaisons. En se grattant, peuvent survenir aussi des petites cloques, qui finissent par suinter. Une phase croûteuse survient ensuite au cours de laquelle des croûtes se forment sur les vésicules qui se sont rompues.
On va le plus souvent repérer ces plaques de peau très sèches et sur-réactives sur les zones du corps les plus chaudes ou soumises à frottements comme les joues, les mains, puis le creux des coudes, le cou, les articulations, la poitrine…
La preuve de cette inflammation de la peau est qu’elle sur-réagit à la moindre agression extérieure : le chaud, le froid, le vent, un textile qui gratte comme la laine ou un tissu synthétique, le stress, le soleil…
Pour un bébé qui ne sait pas encore s’exprimer, cela se voit sur sa peau en l’examinant bien dans les plis, et à ses troubles du sommeil, liés aux démangeaisons.
Dans le doute, cela vaut vraiment le coup de demander l’avis de son pédiatre ou de son dermatologue pour un examen approfondi de la peau.
Que se passe-t-il au niveau de la peau ?
Très sèche et fragilisée, la peau ne joue plus son rôle de barrière imperméable, et laisse pénétrer des allergènes (acariens, pollen, poils et plumes d’animaux…) et des bactéries (staphylocoque doré…).
Même si présents en quantité infime, ceux-ci entrainent une réaction inflammatoire forte de l’organisme qui lance spontanément une sur-production d’immunoglobulines pour s’auto-défendre.
Les terminaisons nerveuses sont abimées également, des démangeaisons apparaissent.
La personne saute l’étape de la « sensibilisation » habituelle pour être dans un état de sur-réaction immédiate. Et se fragilise d’autant plus par les inflammations, les démangeaisons et les frottements.
On entre alors dans un vrai cercle vicieux.
Durant les 2 premières années de vie, cela fonctionne par « poussées » puis la maladie s’installe et peut entraîner beaucoup d’autres allergies et dysfonctionnements de l’organisme si elle n’est pas traitée.
Quelles conséquences si on ne la traite pas ?
Si elle n’est pas freinée voire stoppée, cette maladie inflammatoire de la peau se met « en marche ». On dit qu’elle est évolutive et risque de se développer dans l’organisme sous de nouvelles formes :
- respiratoire avec de l’asthme
- ORL avec des rhinites allergiques
- oculaire avec des conjonctivites allergiques
Cela accroit les risques de surinfections (bactériennes ou virales comme l’herpès).
Sans traitement, l’atopie peut empirer jusqu’à prendre des formes sévères, et se développer jusqu’à l’âge adulte. Age auquel elle se transmet à son tour aux enfants génétiquement…
Quels sont les facteurs qui favorisent l’apparition de la maladie ?
Les dermatites atopiques sont avant tout d’ordre génétique.
Si l’un des parents a une peau atopique, la probabilité de transmettre cela à son enfant est de 30%.
Si les deux parents ont la peau atopique, la probabilité grimpe jusqu’à 70%.
Sur ce terrain génétique favorable, viennent s’ajouter des facteurs environnementaux.
Si l’enfant évolue dans un contexte particulièrement très hygiénique, cela favorise la déclaration de l’atopie. C’est pour cela qu’elle sévit en priorité dans les pays occidentaux.
D’autres facteurs exacerbent la maladie comme l’exposition de la peau à certains produits chimiques, une température de l’air ou de l’eau trop chaudes, des textiles irritants (la laine, les matériaux synthétiques), la transpiration.
Enfin, certaines allergies alimentaires sont suspectées de jouer un rôle, mais ce n’est pas prouvé, et ces allergies se manifestent par des troubles digestifs et une courbe de poids en « dents de scie ».
Quels bons réflexes pour la traiter et la freiner dans son développement ?
Bien que d’origine génétique, et évolutive, avec l’atopie rien n’est perdu !
Il est prouvé cliniquement que cette maladie se combat de façon efficace jusqu’à pouvoir effacer tout symptôme dans la majorité des cas à l’adolescence. Mais pour cela, il faut prendre conscience du problème, réagir et réagir vite pour lui couper l’herbe sous le pied! Radicalement. Et encore plus lors de chaque poussée qui est comme un pas de géant en avant pour la maladie.
En prévention :
- On scrute la peau de son bébé ou de son enfant (ou la sienne !) pour repérer les zones de peaux sèches qui pourraient représenter un début de peau atopique et on applique un baume relipidant adapté aux nourrissons
- On considère que si un parent, un frère ou une sœur est concerné, le bébé a une probabilité élevée d’être touché
Au quotidien – et a fortiori lors de chaque poussée :
- On applique très généreusement immédiatement après le bain sur une peau légèrement humide du baume relipidant hypoallergénique comme celui de Saint-Gervais Mont Blanc sur les zones de la peau atteintes et sur tout le reste du corps et du visage en prévention
- On évite : tout contact avec les allergènes en faisant la chasse aux acariens, au pollen, aux poils d’animaux et à la fumée du tabac
- On évite les « nids a poussière » – tapis, peluches, rideaux
- On évite une diversification alimentaire trop hâtive pour son bébé
- On se minute dans le bain ou sous la douche pour ne pas y laisser son enfant plus de 5 – 10 minutes et on choisit un séchage par tamponnement avec une serviette douce
- Et on privilégie l’eau tiède 27-30 ‘ C
- On utilise de produits de toilette adaptés – pains surgras, syndets ; les savons trop détergents et parfumés, les bains moussants qui peuvent être irritants ou mal tolérés sont à éviter
- On vérifie que la température de la pièce n’est pas trop chaude (19°-20° maximum) et on aère souvent
- On veille à ce que l’air ne soit pas trop sec en apposant un bol d’eau ou une serviette chaude sur le radiateur
- On choisit des vêtements 100% coton, des tissus à fibre fine ou en lin considérés comme moins irritants et on met de côté les vêtements en laine ou en matière synthétique
- On évite les lessives avec adoucissants et on lave les vêtements avec une quantité limitée de lessive et on choisit un bon programme de rinçage
- On fait passer les vêtements au sèche-linge ou on les repasse pour réduire les traces de lessive restantes sur les vêtements
Dans les cas de fortes poussées ou de formes sévères de la maladie :
- On va consulter son dermatologue
- On se renseigne sur les bienfaits de l’eau thermale comme celle de Saint-Gervais Mont Blanc et sur les cures dermatologiques à base d’eau thermale car elles ont des vertus reconnues par l’Académie de médecine sur les dermatites atopiques.
- En cas de crises, et uniquement sur ordonnance, on peut traiter les symptômes à court termes et réduire la sensation de grattage (prurit) avec des corticoides et des antihistaminiques. Mais c’est la prévention, les soins émollients et relipidants au quotidien, ce qu’on appelle l’éducation thérapeutique qui sont primordiales.
La dermatite atopique évolue en alternant poussées et phases de rémission. Selon les enfants et sa gravité, elle peut durer de plusieurs mois à plusieurs années. Il n’y a pas d’âge prévisible de disparition de la dermatite atopique. La majorité des dermatites atopiques s’améliore puis disparaissent au cours de l’enfance. Un petit pourcentage de 10-15 % d’entre elles peuvent persister à l’âge adulte
Chers parents, à vous de jouer !
Docteurs Bachvarova & Stefan
Dermatologues aux Thermes de Saint-Gervais