Interview de Maud Durand, responsable de la qualité de l’eau thermale
Qui êtes-vous ?
Bonjour, je m’appelle Maud Durand
Je suis responsable Production.
Je m’occupe du suivi de la qualité de l’eau thermale, de son forage, de son pompage et de sa distribution aux patients de la cure thermale et aux clients de nos bains. Je fais ce métier depuis 20 ans. J’ai une formation en biotechnologies, j’ai travaillé en agroalimentaire, en pharmaceutique, en médical : tous ces corps de métiers sont regroupés dans le thermalisme.
Cette entreprise est en perpétuelle évolution et on ne s’ennuie pas !
Qu’est ce qui rend cette eau thermale si différente ?
Cette eau est exceptionnelle de par son origine, une eau de pluie tombée il y a des milliers d’années, qui s’infiltre dans les couches géologiques à plusieurs milliers de mètres de profondeur et qui se charge en minéraux (et en histoire) tout le long de son voyage. Pour ressortir à une température de 39°C et une concentration en minéraux 30 fois plus élevée qu’une eau de table (4500 mG/L). Cela ne veut pas dire qu’une eau est moins bien que l’autre, elles n’apportent pas les mêmes choses.
Concrètement, quels sont les bienfaits de cette eau pour notre santé ?
Notre eau thermale est préservée pendant plus de 60 ans sous la terre, ce qui lui permet de ressortir fortement minéralisée et chargée d’oligo-éléments rares, comme le Manganèse et le Bore.
C’est ce parcours unique qui fait d’elle une eau cicatrisante, apaisante, reminéralisante, anti-oxydante, anti-radicalaire et adoucissante pour votre peau.
Sa minéralisation joue aussi sur le plaisir d’utilisation. L’eau thermale du Mont-Blanc est en affinité parfaite avec la peau, s’étale plus largement qu’une goutte d’eau du robinet (qui resterait en surface), et pénètre ainsi très facilement à l’intérieur de votre peau véhiculant avec elle tous ses bienfaits.
C’est une eau riche de son histoire, riche en minéraux actifs, hydratante et réparatrice.
Voilà ce qui rend cette eau exceptionnelle.
Comment a-t-elle été découverte et exploitée au départ ?
Elle a été découverte par un berger qui avait remarqué que la neige fondait plus vite dans ce vallon grâce à une source chaude. C’est un notaire en 1806, Jean Marie Gontard, qui fit analyser les propriétés de cette eau qui émergeait sur ses terres. A l’époque, il y avait peu de médicaments et les eaux miraculeuses étaient très prisées pour prendre soin de soi. Un pont fut créé sur les émergences, des premières baignoires de bois furent installées. Les curistes et la haute société vinrent y « prendre les eaux ». Peu après la société médicale de Genève confirma l’efficacité incontestable et la grande valeur des Bains de St Gervais, ce qui a engendré leur prospérité tout au long du XIXème siècle.
Et aujourd’hui ?
Ce n’est plus une légende. C’est une eau thermale aux effets thérapeutiques avérés, une des neuf eaux thermales reconnues par l’Académie de Médecine Française.
Et la cure médicale dermatologique et ORL est d’ailleurs remboursée par l’assurance maladie, à condition qu’elle soit naturellement pure bactériologiquement et non traitée. C’est de ce fait une responsabilité importante. Je surveille chaque jour la qualité de cette eau.
En plus de cela, les thermes sont une entreprise éco-responsable : le surplus d’eau chaude que nous avons est utilisé pour chauffer les bains en plein air et le bâtiment par géothermie.
Avez-vous des labels de qualité qui attestent ce souci de qualité ?
L’eau thermale, pour obtenir une autorisation d’exploitation avec une reconnaissance thérapeutique doit être pure et ne pas varier de caractéristiques physicochimiques. Ces caractéristiques sont surveillées tous les jours. Pour maintenir sa qualité bactériologique tout au long de son parcours dans la tuyauterie, nous travaillons comme une industrie agroalimentaire ou pharmaceutique. Nos tuyauteries anticorrosion à haute température permettent de toujours maintenir la qualité sanitaire. Nous obtenons depuis 2013 le label AQUACERT.
Qui peut bénéficier de cette eau thermale ?
Tout le monde peut bénéficier des vertus de l’eau thermale du Mont-Blanc puisqu’elle est proposée aussi bien en soins médicaux (ORL, Dermatologie) qu’en soins de bien être. En France, nous raisonnons beaucoup « curatif » de par notre système de prise en charge de santé, mais il faut inciter les gens à prendre soin d’eux avant d’être malades.
Qu’est-ce que vous passionne aujourd’hui dans votre métier aux Thermes de Sant-Gervais ?
Ce qui est passionnant c’est le mélange des métiers (relation aux autres, soins médicaux, normes sanitaires, processus industriel, formulation cosmétique). Ce qui est passionnant c’est de voir repartir les curistes avec moins d’eczéma, de psoriasis ou qui vous disent qu’ils ont beaucoup moins de crise de bronchites, rhinites…. Ce qui est passionnant est de pouvoir participer à apporter du bien-être et à faire prendre conscience aux gens qu’il est important de prendre soin de soi en prévention. Ce qui est passionnant, c’est l’évolution du thermalisme à Saint-Gervais qui vous demande une remise en question permanente de vos compétences, de vos connaissances et qui permet de progresser et de s’épanouir professionnellement et humainement.
Quel a été le témoignage le plus marquant de l’utilité de votre mission ?
Une jeune femme très atteinte d’eczéma au visage est venue nous visiter récemment. Le 1er jour de cure elle était très tendue, l’air vraiment désespérée et avec un visage si triste. Comme je me trouvais dans le hall, je l’ai renseignée et accompagnée afin de la rassurer.
Le dernier jour de sa cure, c’est elle qui m’a abordée dans le hall, et je ne l’ai pas reconnue ! Elle était souriante, vivante, ne regardait plus le sol mais les gens et avec une peau toute neuve. Elle m’a dit : «je revis».