Comment traiter le psoriasis

Soin de la peau
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Comment traiter le psoriasis
Selon l’association France Psoriasis, 2,5 millions de personnes vivent en France avec un psoriasis. Parce qu’aujourd’hui cette maladie courante, qui se traduit par une accélération du renouvellement de l’épiderme et une inflammation chronique, est encore mal connue et ne se guérit pas, elle est souvent difficile à vivre au quotidien pour les malades.
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Comprendre et accepter la maladie sont les premiers pas vers la rémission. Aujourd’hui, des solutions existent pour mieux vivre cette maladie. Les traitements actuels permettent de soigner les symptômes et les avancées de la recherche donnent de nouvelles perspectives thérapeutiques pour les malades.

Le psoriasis, une maladie de la peau courante encore mal connue

Le psoriasis est une maladie inflammatoire de la peau, non contagieuse. Maladie chronique, elle évolue par poussées difficiles à prévoir. Elle apparaît le plus souvent sous forme de plaque rouges inesthétiques et provoque des démangeaisons douloureuses. Bien qu’elle soit courante,  elle reste encore aujourd’hui mal connue. On sait qu’elle est provoquée par des facteurs génétiques, immunitaires et environnementaux mais on ne sait pas encore comment la soigner ou la prévenir. Régulièrement des actions sont menées pour améliorer la connaissance et la prise en charge de la maladie.

Une maladie courante :

En France, on estime qu’entre 2 et 5% de la population serait touchée par le psoriasis. Environ 20 % d’entre elle souffrirait d’une forme sévère et 200 000 d’un rhumatisme psoriasique. Avec près de 60 000 nouveaux cas chaque année, c’est une des affections dermatologiques les plus fréquentes.

Le psoriasis touche aussi bien les hommes que les femmes. Dans la grande majorité des cas, il affecte les peaux blanches. Il peut se déclencher à tout âge, mais il connait deux périodes propices : entre 10 et 20 ans, puis après 40 ans.

Des origines multifactorielles :

Bien que les causes du psoriasis restent encore mal connues, il est généralement admis que pour qu’il se déclenche, il faut plusieurs facteurs :

  • Un facteur génétique : en effet, dans 30 à 50% des cas, le psoriasis est une affection familiale.
  • Un facteur immunitaire : la peau réagit comme si il y avait une blessure ou une infection. Elle se renouvelle à un rythme anormalement rapide (tous les 5 à 6 jours au lieu de 28 jours habituellement). Les nouvelles cellules sont créées et poussées vers la surface à un rythme qui ne permet pas d’éliminer les cellules mortes et forment une couche de pellicules blanches appelées squames. La peau présente aussi des rougeurs qui prouvent l’afflux sanguins dans cette zone où les divisions cellulaires se sont accentuées. C’est aussi le signe d’inflammations localisées.
  • Un facteur environnemental : qui va jouer le rôle de déclencheur. Cela peut être un stress, une infection ou encore la prise de certains médicaments.
 

Pour une meilleure connaissance du psoriasis :

Contagions, problème d’hygiène, maladie des gens fragiles… Les idées reçues au sujet du psoriasis persistent. Pour améliorer la connaissance des français sur la maladie, une Journée du psoriasis a lieu chaque année au mois d’octobre depuis 2004 et l’association France Psoriasis organise régulièrement des campagnes de sensibilisation.

Le psoriasis, des formes diverses, la plupart du temps bénignes

Maladie complexe, le psoriasis peut apparaître sous différentes formes. La plupart du temps bénin, il arrive qu’il s’étende à plus de 10% du corps ou qu’il touche les articulations. On parlera alors de cas grave (8% des cas). Le diagnostic du psoriasis est posé suite à un examen clinique. Parfois une biopsie est nécessaire. L’évaluation de la gravité de la maladie tient compte de la surface de peau atteinte, du degré de rougeur, de l’épaississement de la peau et de la desquamation et de l’influence du psoriasis sur la qualité de vie des malades.

Les 5 formes du psoriasis :

  • Le psoriasis en plaques (ou vulgaire) : Dans 80% des cas, le psoriasis se manifeste par des plaques rouges épaisses et recouvertes de squames blanches, dont l’étendue varie en fonction des patients.
  • Le psoriasis en gouttes : Il représente moins de 10% des cas et apparaît souvent soudainement chez les enfants et les adolescents à la suite d’une angine. Les plaques sont de petite taille et en forme de gouttes.
  • Le psoriasis pustuleux : Il est caractérisé par l’apparition de minuscules pustules sur des plaques rouges localisées sur les paumes des mains ou les plantes des pieds ou le bout des doigts.
  • La forme généralisée : Très rares, elle peut toucher l’intégralité de la surface de la peau sous forme de pustules disséminées sur des zones rouges et irritées. Elle s’accompagne toujours de fièvre. Grave, elle doit être traitée rapidement.
  • Le rhumatisme psoriasique : En dehors des formes cutanées, le psoriasis peut toucher les articulations. Il s’agit d’un rhumatisme inflammatoire chronique, touchant plus particulièrement les patients de plus de 50 ans avec une forme cutanée ancienne. Lors d’une poussée, les articulations deviennent raides et douloureuses, limitant les mouvements.
 

Des formes particulières en fonction de la localisation :

Le psoriasis peut apparaître n’importe où sur la peau, avec des zones de prédilection :

  • Les plis (aine, aisselles, plis des coudes, genoux) : on parlera de psoriasis inversé. Il n’y a pas de squame dans cette forme car elle est éliminée par la transpiration.
  • Le cuir chevelu : la plupart des lésions s’accompagnent de démangeaisons et d’irritations très importantes.
  • Les ongles (ou unguéal) : on verra l’ongle se modifier : « dés à coudre », décollement, « tâches d’huiles », épaississement ou apparition de stries.
  • Les plantes des pieds ou paumes des mains (pulmo-plantaire) : particulièrement douloureux et difficile à traiter.
 

Le psoriasis, au-delà de la simple maladie de peau

Plus ou moins visible selon sa localisation et son étendue, le psoriasis a le désavantage d’être inesthétique. Il est aujourd’hui reconnu qu’il impacte la vie quotidienne des malades et joue un rôle dans la survenue d’autres maladies.

Au-delà de la maladie de peau :

L’étude EUROPSO de 2002, montre l’impact du psoriasis sur le quotidien des malades. Au-delà des démangeaisons et de la douleur, c’est souvent le regard des autres qui est le plus difficile à vivre. Les femmes et les jeunes semblent plus touchés par le retentissement du psoriasis sur leur qualité de vie.  Le psoriasis peut provoquer chez les malades  un sentiment de rejet et une attitude de retrait vis-à-vis de la société qui peut les conduire jusqu’à la dépression. Il impacte leur vie sociale, sentimentale et professionnelle. En effet, 6 % ont modifié ou arrêté leurs activités quotidiennes normales ; 36 % disent que le psoriasis perturbe leur sommeil ; 40 % que le psoriasis conditionne le choix de leurs vêtements, les forçant à s’emmitoufler afin de dissimuler leur état ; 33 % ne sont pas du tout satisfaits des traitements actuels ; 78 % n’ont pas recours aux thérapeutiques plus agressives pour se soigner à cause de leurs effets secondaires.

Un rôle dans la survenue d’autres maladies :

Les connaissances les plus récentes suggèrent que l’inflammation due au psoriasis aurait un rôle dans la survenue d’autres maladies qui y sont souvent associées : la dépression, le diabète, le surpoids, les troubles lipidiques (cholestérol et triglycérides) et les maladies cardiaques.

Le psoriasis, à chaque cas particulier, un traitement adapté

Aujourd’hui, on ne sait pas encore prévenir ou guérir le psoriasis définitivement. La prévention repose essentiellement sur l’hydratation de la peau, des mesures de gestion du stress et l’adoption d’une bonne hygiène de vie (manger sainement, ne pas fumer et boire peu d’alcool). En cas de survenue de la maladie, il existe aujourd’hui des traitements efficaces pour contrôler les poussées et l’évolution sur le long terme. Trouver le traitement adapté à chaque patient n’est pas toujours facile. Le traitement dépendra de la forme du psoriasis, de sa gravité, de la tolérance aux traitements, de l’efficacité observée, du mode de vie du malade et de la façon dont il vit sa maladie… L’objectif étant d’améliorer la qualité de vie des patients, il est important que le traitement ne soit pas plus fastidieux que la maladie elle-même. Compte tenu des traitements qui peuvent parfois être lourds et de l’impact psychologique que peut avoir la maladie sur les patients, il est nécessaire qu’il bénéficie d’une prise en charge globale et régulière et que celle-ci débute le plus tôt possible.

En cas de psoriasis léger :

En complément de l’hydratation de la peau, on proposera l’application locale de crèmes, de lotions, de shampooings ou de pommades à base de corticoïdes, dérivés de la vitamine D3 ou encore de kératolytiques.

En cas de psoriasis sévère :

Le médecin pourra en plus prescrire des séances de photothérapie, des immunosuppresseurs (ex. méthotrexate)…

Ces dernières années, l’arrivée des biothérapies, molécules fabriquées par différentes techniques de biologie moléculaire, destinées à bloquer la formation des lésions en ciblant différents stades du processus immuno-inflammatoire, responsable de la formation des plaques donne de bons résultats sur les psoriasis les plus résistants. Ces médicaments sont réservés aux psoriasis modérés à sévères en échec thérapeutique.

Le témoignage de Quentin (41 ans) : « grâce à un nouveau traitement, mon psoriasis est aujourd’hui en sommeil »

Le psoriasis de Quentin, 41 ans, est apparu il y a 7 ans suite à un choc émotionnel. Il nous raconte comment il a découvert sa maladie, son parcours thérapeutique et son quotidien avec le psoriasis.

  • Comment est apparue votre maladie ?

Suite à un choc émotionnel, il a 7 ans, j’ai commencé à avoir des plaques partout : dans les cheveux, sur les coudes, les genoux, le dos, les mains mais aussi le visage… C’est venu d’un coup et ça a progressé très rapidement. Je suis allé voir mon médecin généraliste puis un dermatologue et j’ai découvert la maladie…

  • Comment êtes-vous traité ?

Mon médecin m’a d’abord prescrit une lotion, une pommade et un shampooing à appliquer quotidiennement. Cela a permis d’atténuer les démangeaisons et les croûtes sur la tête mais dès que j’arrêtais, cela revenait. Il m’a ensuite prescrit des comprimés mais cela n’a pas mieux marché. Aujourd’hui, je suis suivi au CHU par un dermatologue spécialiste du psoriasis. Grâce à un nouveau traitement, sous forme d’emplâtres médicamenteux à base de corticoïdes, mon psoriasis est aujourd’hui en sommeil. C’est un traitement lourd, qui n’est indiqué que pour les personnes dont plus de 5% du corps est atteint par la maladie. C’est contraignant pour moi car je passe beaucoup de temps chaque jour à poser mes patchs. Mais c’est efficace, alors j’essaye de suivre mon traitement le mieux possible.

  • Comment cette maladie a impacté votre quotidien ?

Au début, cela a vraiment été difficile. Les traitements étaient inefficaces. Je souffrais physiquement mais aussi psychologiquement. Je me sentais incompris et surtout, je ne supportais pas le regard des autres sur moi. Je n’osais plus me mettre en short ou en t-shirt. Avant la maladie j’étais plutôt quelqu’un d’ouvert et de sociable, du jour au lendemain, je me suis coupé du monde. J’ai été jusqu’à faire une dépression. Aujourd’hui, grâce à un suivi psychologique, je vais mieux. Je commence à connaitre et accepter ma maladie. Je sais qu’elle est en moi, mais je suis moins stressé à l’idée qu’elle peut refaire surface. J’ai trouvé un traitement qui fonctionne. Et je sais que la recherche avance.

L’avis de l’expert : Euriel Bourreau, naturopathe spécialisée dans la gestion du stress

Pour aider les malades à mieux vivre le psoriasis, la naturopathie propose une approche complémentaire aux traitements thérapeutiques. Euriel Bourreau, naturopathe spécialisée dans la gestion du stress, nous présente l’accompagnement qu’elle propose aux personnes touchées par le  psoriasis.

  • Quelle prise en charge la naturopathie peut proposer aux malades du psoriasis ?

En naturopathie, la prise en charge varie d’une personne à une autre et intervient parallèlement au suivi médical. Outre les solutions proposées pour apaiser en externe, la naturopathie agit sur l’hygiène de vie. Comme pour toute maladie auto-immune, les intestins sont à prendre en compte car ils sont le siège du système immunitaire, en dysfonction dans le cas du psoriasis. Il est donc intéressant de restaurer le microbiote composé de bactéries amies et d’assainir la muqueuse abimée lors d’inflammation. On va également veiller au bon déroulement du transit. Dans l’alimentation, on évitera tout ce qui est indigeste et source d’intolérances (le gluten et les produits laitiers notamment). Une alimentation saine est composée de légumes crus et cuits à volonté, de céréales complètes pour les vitamines du groupe B, poissons gras pour la vitamine D et de fruits hors repas principalement. On évitera les aliments trop gras, salés et sucrés, ainsi que les aliments acides pour préserver l’équilibre acido-basique, agissant sur l’inflammation et le stress. L’hygiène de vie est primordiale.

  • Quel lien est fait entre le stress et le psoriasis ?

Chez le fœtus, la peau et le système nerveux proviennent du même feuillet embryonnaire. Les affections de la peau sont la plupart du temps en lien avec la sensibilité au stress et l’hypersensibilité émotionnelle (exprimée ou introvertie). De plus, la peau est ce qui nous sépare des autres et de notre environnement. Les troubles cutanés peuvent donc traduire la difficulté relationnelle du malade avec ce qui l’entoure. Pour toutes ces raisons, la personne atteinte de psoriasis doit apprendre à bien vivre son stress et ses émotions et limiter ainsi les poussées que les pics de tension nerveuse peuvent provoquer. Cela passe par des techniques de relaxation, méditation, sophrologie, ou encore la pratique sportive (yoga, marche) et la psychothérapie.

  • Quelles solutions naturelles peuvent aider les patients à mieux vivre leur maladie ?

Les approches naturelles sont spécifiques à chaque personne atteinte de psoriasis et complètent les traitements déjà présents. Une fois une bonne alimentation mise en place et une prise en charge du stress, on peut travailler avec les plantes et les compléments alimentaires. Pour le système digestif, on pense à l’artichaut, au radis noir, à la mélisse, la gentiane et à la mauve. Pro et prébiotiques vont agir sur le transit et le microbiote (auparavant appelé flore intestinale) et la L-glutamine vise à renforcer la muqueuse intestinale. C’est un travail au long cours. On pense aussi aux Omega 3 et au magnésium, ainsi qu’aux vitamines. Les plantes apaisantes telles que le tilleul, la valériane ou encore le griffonia peuvent se révéler bénéfiques. Sans oublier le curcuma, le cassis et le réglisse ! Les solutions naturelles doivent être couplées avec une hygiène de vie saine, alimentation adaptée et surtout une gestion du stress au quotidien pour être durable.